Je vous propose aujourd’hui de découvrir une personnalité originale, celle de Roseline Barriol, potière professionnelle dans la commune de Lamballe Terre&Mer Moncontour. J’ai eu le plaisir de rencontrer Roseline, qui m’a accueilli avec le sourire d’une femme libre et comblée par son métier. Comme elle me le confie«cela a été un coup de foudre, une rencontre avec la terre, source de créativités multiples, et également d’un mode de fonctionnement qui me convenait bien, fait de solitude créative et de partage avec les autres, dans une grande autonomie de vie. »
Je vous invite à la découvrir dans cette interview, qui vous permettra de mieux connaître Roselyne et peut-être aussi de découvrir son métier, la poterie, l’une des plus anciennes technologies humaines, dont on situe l’origine à l’ère du néolithique, plus de 5000 ans avant notre ère.
1) Devenir potière professionnelle aujourd’hui , n’est pas une démarche très courante . Comment ce projet vous est-il venu ?
J'ai découvert la poterie quand j'habitais en Provence. J'avais 43 ans, et j’attendais l'opportunité de changer de travail suite à un déménagement. J’ai rencontré une potière, et cela a été un coup de foudre, tout de suite, je lui ai demandé de me former. J’ai ressenti la force de cette rencontre avec la terre et ses sources de multiple créativités, et aussi un mode de fonctionnement qui me convenait bien, entre solitude créative et partage avec les autres, dans une grande autonomie de vie.
2) Quelles ont été vos motivations pour ‘‘embrasser’’ ce métier, au-delà bien évidemment de la passion qui doit être l’un de vos moteurs ?
Je pense profondément que le travail de la terre est un vecteur de choses positives sur le comportement humain. Travailler l'argile est source de bien-être et aussi de mise en scène de soi-même dans un cadre protégé qui permet une éducation de la personne quel que soit l'âge. Dans notre monde difficile, les potiers proposent un lieu paisible et joyeux. J'ai souhaité œuvrer dans ce sens moi aussi, sans pour autant rentrer dans une proposition qui soit de l'ordre de la psychothérapie. Je laisse faire la rencontre avec la terre et j'accompagne mes élèves à travers des techniques, des gestes que je transmets. Quant à la création de mes propres pièces, je me place dans la même optique, proposer des objets de paix et de bien-être, tant par les formes que je choisis que par les couleurs et les décors que je crée. J’ai le sentiment du travail accompli quand la pièce que j’ai façonnée est achetée et devient un objet précieux pour le client, qui s'en sert chaque jour et se l’approprie pour participer à sa qualité de sa vie.
3)quel est votre statut ?
J’exerce avec le statut d’auto-entrepreneur
Siret : 812 560 084 0020
4) Pensez-vous que le modelage de la terre , peut apporter à ceux qui le pratiquent une certaine sérénité ? Le conseillez-vous comme thérapie, notamment comme remède au stress ?
J'ai déjà en partie répondu à cette question... le travail de la terre, aussi bienfaiteur soit-il, ne remplace pas une psychothérapie mais il peut l'accompagner, la compléter. Il peut être bénéfique, au-delà de l'instant créatif à l'atelier, de revenir dessus et de s’en imprégner pour en saisir les bienfaits de façon plus consciente. Mais même sans ce travail d'introspection, la terre elle-même se fait éducatrice, elle apporte la paix, remet de l’ordre en nous, au-delà de la conscience que l'on en a. Mon positionnement de ‘‘formatrice’’ en poterie est le suivant : j'observe sans analyser le travail de mon élève, c'est une œuvre à trois, l'élève, la terre et moi, et je ne sors jamais de ce triangle ; je ne porte pas de jugement, je suis juste là, dans la plus grande discrétion, pour proposer les gestes qui permettent de progresser. La terre reste toujours là, entre l'élève et le professeur, elle est la mesure de tout le reste.
5) existe-t-il des écoles pour devenir potière dans notre territoire de Lamballe-Armor et Lamballe Terre et Mer
À ma connaissance, il n'y pas de formation professionnelle en poterie sur notre territoire, mais il y a l'atelier de la Marouette près de Lamballe, qui propose des cours aux amateurs. Il y a aussi Julie Runget, de la Boutique Atelier, à Moncontour, qui propose une autre approche de notre métier commun. Il y en a peut-être d'autres dont j'ignore l'existence.
Pour ma part, j'ai été amenée à accompagner de futurs potiers en stage ou en période de recherche.
6) La situation sanitaire vous a-t-elle posé problème ?
Bien évidemment ! Mon activité étant considérée comme commerce non essentiel, j’ai dû fermer mon atelier pendant les trois confinements. J'en ai profité pour approfondir mes objectifs dans la création de mon atelier ouvert en Bretagne en décembre 2019, c’est-à-dire juste avant le début des difficultés sanitaires. J'ai aussi utilisé ce temps ‘‘libre’’ pour me former avec d'autres potiers, une fois dans les Hauts de France et une fois du côté de Rennes. J’ai essayé de prendre le positif de cette situation. Évidemment, sur le plan financier, cela a été difficile, d'autant que je n'ai pu bénéficier d’aucune aide de l’État. Cette aide était établie en fonction du chiffre d'affaires, or le mien était très faible puisque je démarrais à peine mon activité. De plus, le métier de potier fut l’un des grands oubliés dans les décrets.
7) Quel est le profil de votre clientèle ?
Pas de profil particulier... mes clients sont de tous âges, tous horizons, mais ont peut-être quand même un point commun : une certaine réceptivité pour la simplicité et la passion que je mets dans mon travail, prioritaire pour moi sur la performance virtuose, donnant la priorité à une forme de beauté fragile, vraie et sensible.
6) Où et comment peut-on vous contacter ?
Poterie du Rocher - 12 place de Penthièvre, 22510 Moncontour
Tél : 07 78 88 57 47
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Page fb : poterie du rocher
7) Qu’aimeriez-vous ajouter ?
J’aimerais préciser que je suis toujours en chantier, en progrès, et toujours heureuse de partager. Je ressens toujours une vraie joie dans mes rencontres avec les autres. Mon atelier est grand ouvert, je m'efforce de toujours bien accueillir mes visiteurs, qu’ils deviennent clients ou pas. Chaque personne rencontrée est pour moi le bien le plus précieux.
J’adresse un grand merci à Roseline pour m’avoir accordé un peu de temps afin de me faire découvrir sa passion .
Gilles Boulin